Comprendre (une fois pour toutes) la notion de BFR

Que savez-vous de votre besoin en fonds de roulement (BFR) ? On vous le concède, le terme n’est pas glamour et la question peut sembler inhabituelle. Pourtant, cet indicateur financier est fondamental pour toute entreprise. Fondamental ! Et vous le « pratiquez » quotidiennement…

Vous vous demandez peut-être « pourquoi me pencher sur ce concept technico-financier barbare, alors que je fais déjà appel à un cabinet d’experts-comptables. » La réponse est claire : il en va de la survie de votre PME. En tant que dirigeant d’entreprise, la bonne compréhension de certaines notions est indispensable pour piloter votre entreprise au jour le jour : trouver les solutions de financement adéquates, anticiper les coups de mous ou encore prendre les bonnes décisions. À cet égard, le besoin en fonds de roulement (BFR) est un indicateur clé de la santé financière de votre PME, de sa trésorerie et de sa valeur. Et pour cause, il désigne les liquidités dont vous avez besoin pour faire tourner votre entreprise au quotidien. Autrement dit, c’est la somme d’argent nécessaire à financer votre activité : payer vos fournisseurs et des salaires, approvisionner vos stocks, etc.

Faites entrer le BFR dans votre dictionnaire

Sur le plan comptable, le BFR représente la différence entre vos actifs circulants (stocks et créances clients) et vos passifs circulants (essentiellement vos dettes fournisseurs). Une autre façon de le dire ? C’est la partie de votre activité qui n’est pas couverte par vos ressources d’exploitation, entre autres, à cause des décalages temporels entre vos rentrées d’argent frais et vos décaissements. Un exemple simplifié ?

  • Début novembre, vous achetez pour 10 000 euros de marchandises : la facture est à régler à 30 jours ;
  • Le 15 du mois, l’un de vos clients passe commande pour 7 000 euros et paiera aussi à 30 jours ;
  • Fin novembre, c’est donc le moment de verser les 10 000 euros à votre fournisseur ;
  • Et le 15 décembre (dans un monde idéal), vous encaissez les 7 000 euros de votre client ;
  • Quel est votre BFR à ce moment précis ? 3 000 €. Puisque c’est la somme que vous « avancez » pour avoir du stock et maintenir votre activité.

Sachez également que le BFR s’exprime parfois en « nombre de jours de chiffre d’affaires (CA) ». Exemple : s’il est de 45 jours, cela signifie que vous devez disposer, en moyenne, de l’équivalent de 45 jours de CA pour satisfaire vos besoins.

À chaque entreprise, son BFR

On peut évidemment aller plus loin dans les aspects techniques et les définitions du BFR. Mais l’essentiel est de comprendre que vous avez constamment besoin de moyens pour financer votre activité quotidienne. Bien entendu, le BFR varie en fonction de votre activité, la taille votre entreprise et votre secteur :

  • Si vous versez une dizaine de salaires par mois, vos besoins seront plus élevés que si vous êtes seul dans votre TPE ;
  • Dans le même esprit, une société de services ne doit pas constituer de stocks de marchandises, contrairement à un grossiste en matériel de construction ;
  • De même, une activité saisonnière exigera une attention particulière du BFR, puisque le cycle des encaissements et des paiements n’est pas « régulier ».
  • Une dernière illustration ? Plus le cycle d’exploitation de votre activité — c’est-à-dire le temps nécessaire à transformer vos marchandises en produits commerciaux — est long, plus longtemps vous devez financer vos stocks.

Qu’est-ce qu’un BFR idéal ?

Tout passe par l’équilibre et la maîtrise. En effet, si le BFR idéal n’existe pas, il existe bien une gestion idéale du besoin en fonds de roulement. En ce domaine, vous devez avoir l’œil et la main sur cet indicateur, tant pour le présent que pour l’avenir. D’abord, le BFR est un thermomètre de votre santé financière à court terme et permet de savoir si vous avez les reins suffisamment solides. De plus, prévoir vos besoins futurs est un excellent moyen de doter votre entreprise des ressources suffisantes et éviter les problèmes de trésorerie.

  • Votre BFR est positif ? C’est la situation « classique » : votre activité requiert un financement complémentaire. Combien ? Comment ? Ce sont les questions qui se suivent…
  • Négatif ? Un cas moins courant, car cela veut dire que vos clients paient avant que vous ne deviez régler vos dettes. Quoi qu’il en soit, vous disposez vraisemblablement des fonds nécessaires.
  • Un BFR proche de zéro ? Vous atteignez l’équilibre parfait entre les ressources et les besoins d’exploitation.

Notez que l’interprétation du concept de « fonds de roulement » se fait à l’inverse. De quoi s’en mêler les pinceaux…

Décalages, croissance et trésorerie sous pression

Il est évident que vos besoins varient au fil de la vie l’entreprise : de la création aux phases de croissance. De surcroît, votre BFR est plus que jamais tiraillé. Le contexte économique fait en sorte que vos clients règlent de plus en plus tard, voire en retard, alors que vos fournisseurs compriment leurs délais de paiement. En outre, la rotation des stocks subit des ralentissements, alors que la valorisation des marchandises peut être très volatile, mettant en danger la santé financière de votre entreprise. Mais les choses peuvent aussi se gâter si votre activité fonctionne « trop » bien et qu’elle se développe soudainement… En effet, un pic de croissance engendre forcément un besoin de financement supplémentaire, puisque vous devez commander plus de marchandises auprès de vos fournisseurs. C’est pourquoi il est capital d’anticiper ce type de situation et éviter de vous retrouver sans eau en plein milieu du désert. Quoi qu’il en soit, l’enjeu reste le même : la maîtrise de votre BFR. Pour cela, utilisez les différents leviers à votre disposition.

Agir sur votre BFR

Chaque entreprise est confrontée à des contextes spécifiques, vous devez donc agir là où cela « soulage » votre BFR. Concrètement ?